Il est grand temps de réhabiliter le salafisme dans l'esprit occidental qui a accumulé trop de poubelle intellectuelle issue des réseaux d'information de masse. Je vais ici brosser un tableau bref pour vous aider à distinguer le vrai du faux dans cette histoire.

En effet, à plusieurs reprises, j'ai constaté que le mot "salafisme" est maladroitement associé au terrorisme. Or il n'y a rien de plus dangereux que de confondre ces deux modes de pensée.

Le salafisme provient du mot "salaf" qui signifie littéralement "prédécesseur", la salafiya étant en effet un mouvement se voulant le plus proche de l'islam des origines tel qu'il était appliqué par les compagnons du prophète Mohammed. Il se base sur le Coran et la Sunna (ensemble des traditions du prophète et des hadiths) et ne s’affilie à aucune école juridique de l'islam sunnite (malékisme, hanbalisme, chaféisme, hanéfisme) dans un souci de recherche de vérité peu importent ses sources, pensant qu’il est plus judicieux de fournir soi-même un effort d’analyse et de déduction des textes pour en tirer des règles que de suivre la tradition des oulémas. Le salafisme se base donc sur une volonté de consensus et non partisane, et se veut un "islam purifié" des divergences de doctrines, des innovations et des hérésies qu’a connu l’islam au cours de l’Histoire. Le procédé d’exhortation est celui de l’argumentation, du débat et de la "bonne parole".

En d’autres termes, le "salafisme" désigne simplement l’islam qui se veut orthodoxe : c’est donc précisément ce qui attire les malveillances de ceux qui enseignent la haine en se parant de vertu. Aujourd’hui, au moyen d’un tour de passe-passe sémantique motivé par les détenteurs de pétrodollars en mal de légitimité religieuse (les wahhabites), on distincte deux courants principaux du salafisme dans les écrits occidentaux dont le second n’a pas lieu d’être : en effet, on enseigne qu’il y a un salafisme pacifique (celui que je vous ai décrit plus haut - à savoir le salafisme originel) et le salafisme "djihadiste", qui serait celui des takfiristes, qui appelle au meurtre et à la violence. En réalité, cette dernière acception est née très tardivement, en 1980 lors de la guerre d’Afghanistan, où les puissances occidentales ont créé des groupuscules terroristes pour contrer l’URSS dans la région grâce à une instrumentalisation politique des terminologies musulmanes. De cette manière, on a réussi à faire passer dans les esprits que le terrorisme serait un salafisme à savoir une orthodoxie musulmane, insultant et calomniant ce courant de pensée et la foi des musulmans.